- Exposition: François Crépin et l’Étude des Roses Sauvages
- Constitution d’un réseau
François Crépin n’a jamais trouvé de réponse satisfaisante au problème de la définition de l’espèce naturelle. Il a cependant toujours été convaincu qu’une inflation du nombre d’espèces était une voie sans issue. Son objectif était de réduire les milliers d’espèces décrites à un nombre limité d’espèces bien définies mais variables – c’est-à-dire des espèces existant réellement dans la nature – et susceptibles d’être classées de manière à refléter leurs affinités naturelles. Pour cela, il fallait que la grande majorité des ‘espèces livresques’ soient réduites au statut de variétés ou de formes.
Tout au long de sa vie, Crépin a échangé des spécimens d’herbiers et a envoyé et reçu des tirés à part d’articles et de contributions parus dans de nombreux périodiques et flores. Dans les milliers de lettres qu’il adressa à des connaisseurs de roses, allant des naturalistes amateurs locaux aux botanistes professionnels des principaux herbiers du monde, il a traité de questions relatives à l’identification, à la classification et à la nomenclature des roses.
Ancré au coeur d’un vaste réseau qu’il avait lui-même construit, Crépin est devenu au fil des années une autorité mondiale en matière de roses. Il correspondit avec de nombreux rhodologues, comme Alexandre Boreau, Pierre Alfred Déséglise et James Lloyd, tous trois vivant et travaillant en France, mais aussi Emile Burnat en Suisse, Philipp Wilhelm Wirtgen en Allemagne, John Gilbert Baker en Angleterre et George Engelmann aux États-Unis. Il échangea également de nombreuses lettres avec le botaniste suisse Hermann Christ. Ensemble ils discutèrent de la taxonomie des roses sauvages d’Europe centrale que Crépin connaissait bien, puisqu’il les avait étudiées sur le terrain lors d’excursions dans les Alpes.
De nombreux horticulteurs firent également appel à ses connaissances des roses sauvages. Il collabora notamment avec Jules Gravereaux, fondateur de la Roseraie de L’Haÿ en France et, à partir de 1881, il commença à écrire de courtes contributions pour le Journal des Roses, une revue destinée aux amateurs de roses cultivées. Pour la publication d’une esquisse d’une nouvelle classification des roses sauvages ou dites botaniques, il choisit, de façon assez surprenante, le Journal of the Royal Horticultural Society (1889). Une traduction française de cet article a ensuite été publiée dans le Journal des Roses. La correspondance reçue par Crépin à la suite de cette publication témoigne de la gratitude des amateurs pour les efforts qu’il avait déployés pour mettre de l’ordre dans le chaos des roses en réduisant les milliers de taxons décrits à quelques dizaines d’espèces.