- Exposition: Collections de Livres Royaux
- Bibliothèque de Charles V et sa famille
La bibliothèque composée par le roi de France, Charles V, et logée à la tour de la fauconnerie au Louvre était bien plus qu’une fabuleuse collection de livres : elle participait à la promotion du français comme langue d’apprentissage et de gouvernement, mais elle était aussi un symbole évident de l’autorité royale, une prérogative du roi de France.
La bibliothèque de Charles V est devenue un modèle pour les bibliothèques royales et aristocratiques du XVe siècle, telles les bibliothèques constituées par Louis d’Orléans et Jean duc de Berry, deux bibliophiles de renom qui ont joué un rôle éminent dans la gestion des affaires royales à la fin du XIVe et au début du XVe siècle.
Les Grandes Chroniques de France
Le manuscrit des Grandes Chroniques de France a été conçu pour le roi Charles V qui en a très certainement supervisé la production. Cet ouvrage est en effet un symbole d’autorité et de prestige de la royauté française. Il a été copié, enluminé et corrigé avec un rare soin. Deux copistes ont travaillé à l’élaboration de ce grand texte : avant 1375, Henri de Trévou (feuillets 1-386) a tout d’abord reproduit les Chroniques de Saint-Denis ; par la suite, Raoulet d’Orléans a copié la chronique des règnes de Jean le Bon et Charles V vers 1377-1379.
Tout autant que le texte, le cycle iconographique participe pleinement de l’apologie du pouvoir royal français. Pas moins de cinq enlumineurs ont collaboré à cette œuvre.
En outre, de par leur extrême contemporanéité, les chroniques du règne de Charles V sont un précieux témoignage des événements. Elles sont d’ailleurs richement enluminées, et particulièrement le récit de la visite de l’empereur Charles VI qui compte à lui seul dix-huit miniatures. La visite de l’oncle du roi de France au début de l’année 1378 est en effet un épisode de haute valeur symbolique et politique dans le renforcement du pouvoir du roi de France.
Saint Augustin, De Civitate Dei, traduit par Raoul de Presles (Book I-X)
Cette traduction française du De Civitate Dei réalisée par Raoul de Presles est une commande du roi Charles V. Grâce à une mention à la fin du manuscrit BnF, Français 22913 (qui contient la suite, à savoir les livres XI à XXII), nous savons que Raoul de Presles a commencé ce travail en novembre 1371 et l’a achevé en septembre 1375 ; on le voit au feuillet 3 offrir sa traduction au roi de France. Raoulet d’Orléans, l’un des copistes favoris du roi, a très probablement copié le texte sous la direction de Raoul de Presles. Il est par ailleurs fort possible que le traducteur ait également joué un rôle dans le choix du cycle iconographique. Plusieurs enlumineurs ont participé à la décoration de l’ouvrage, certains sont connus : le Maître du couronnement de Charles VI (pour la majorité des enluminures), le Maître du sacre de Charles V (feuillets 277v-278v) et le Maître de la Bible de Jean de Sy (feuillets 384 et 407v).
La Passion Isabeau
La “Passion Isabeau” est une libre traduction en vieux français des Meditationes vitae Christi (méditations sur la vie du Christ) du Pseudo-Bonaventure. Cet ouvrage a en effet été conçu à la demande d’Isabeau de Bavière (v. 1370-1435), épouse du roi de France Charles VI. Ce modèle de littérature dévotionnelle populaire semble avoir connu un remarquable succès puisque non moins de vingt-trois manuscrits sont conservés de nos jours. Les événements de la dernière semaine de la vie du Christ y sont exposés et ponctués par des méditations sur leur sens chrétien.
Le manuscrit contient vingt-huit initiales ornées et trente-six miniatures aux dominantes rouge, bleue et or. Il s’agit là d’un des témoins de ce texte les plus somptueusement décorés qui nous soient parvenus : les nombreux paysages, les détails architecturaux, le luxe et la variété des costumes autant que la richesse des expressions des figures humaines participent de l’exceptionnelle qualité de l’enluminure. Ce travail est attribué à un atelier parisien actif vers 1400-1420. Le manuscrit, au décor d’une grande originalité, semble par ailleurs l’une des plus anciennes copies de cette traduction.